Les seuls déplacements au supermarché ou au boulot ne permettent pas aux habitants d’une région de se constituer un folklore , une coutume ou encore des traditions, surtout lorsqu’ils n’ont pas de racines communes .Pour communier ensemble, il leur faudrait jouer ensemble, autrement que par le sport qui reste concurrentiel et éducatif ( donc souvent conflictuel) et où les enjeux financiers sont proches du dérapage . Force est de constater que les récréations « libres » aménagées par la société moderne, ne le sont pas pour le bien-être de tous les concitoyens mais avant tout pour le profit de quelques uns … Mais peut être en fut-il toujours ainsi .
Ce ne sont certes pas les artistes qui vont inventer un nouveau folklore ou de nouvelles identités territoriales mais peut être bien leurs spectateurs si on leur en donne suffisamment l’occasion .
Les spectacles tous éphémères , surtout dans la rue, ne sont là que pour ouvrir une fenêtre sur l’état de l’ art et du monde , en bien ou en mal , ils remuent nos émotions , avec expertise .
Ils sont au-delà du folklore et de la tradition car ils les englobent tous . Mais … avoir rendez vous avec eux peut devenir une coutume .. . Ce sera toujours moderne car la rue est jeune (malgré sa longue existence) ses spectateurs et ses acteurs étant éternellement changeants .
Contrairement au théâtre littéraire qui parle d’un ailleurs en d’autres temps , la rue (même à l’abri, même sous un toit ) traite « ici et maintenant » de choses dont tous les spectateurs sont témoins en direct . C’est de la culture non exclusive, sans filtre social , donc populaire . Et c’est aussi une écriture sans cesse réactualisée .
Le théâtre aux rideaux rouges restera pour toujours bourgeois ,d’une époque révolue , figé dans son écrin . Ce qui n’empêche pas qu’ on s’y rende volontiers , tout comme on a besoin de visiter le patrimoine. Mais pas seulement .
Revenons à nos festivals :
Ce bel été 2013 fut une bénédiction pour toutes les fêtes de plein air et festivals de rue en France, en Alsace … et si les artistes ne déçoivent jamais gardons en tête que tout ne peut pas reposer sur leur spectacle . Augmenter sans cesse les jauges, comme les organisateurs sont tentés de le faire , ne pas veiller à l’accueil du public, des artistes, la mauvaise bouffe ou pire encore l’absence de toilettes, prouvent à quel point nous perdons le sens de la fête et n’avons rien à offrir en échange . Il ne suffit pas d’acheter un spectacle même très grand , pour combler un vide culturel .
Parfois le terrain est vraiment solide .
Souvent, en milieu rural, lorsque les uns et les autres se rendent à un spectacle dans le village voisin , ils le (re)découvrent . Des amitiés peuvent naître spontanément et on cherchera à se retrouver hors festival . Mis à part ces interactions sociales et locales, le fait de posséder un calendrier de manifestations originales et diversifiées est visible « de loin » et attire à moyen terme de nouveaux habitants, redynamisant à moindre coût tout un système qui en a bien besoin .
En s’appuyant sur des festivals itinérants tels que « Mon mouton est un lion » ou la « Sarre raconte » les habitants d’une région partagent gratuitement les mêmes émotions , personnelles et positives , et n’ont qu’une envie quand c’est fini : recommencer … .
Ces festivals, taillés sur mesure pour les villages, avec guinguette et places assises, se sont donnés des moyens politiques et financiers adéquats , et le public a triplé tous azimuts sur les années .
Ils pourraient facilement se démultiplier pour provoquer encore plus de rencontres créatives et amusantes et permettre aux gens de bien se répartir dans le temps et l’espace , avec un choix de sortie encore plus large . ..
Personne n’ignore ces événements devenus des rendez vous pour les résidents locaux au même titre que les fêtes des pompiers .
Plus généralement parlant , été comme hiver, nous manquons en permanence d’ échanges en live avec nos voisins . C’est une évidence, alors pourquoi l’offre culturelle et populaire est elle si rare ?